Je pense comprendre à peu près ce que veut dire Rosenzweig dans son paragraphe sur la musique et le go (va vraiment falloir que je dégage du temps pour l'écrire cette chronique sur Musique et Go, depuis le temps que cela me trotte en tête
)
Je déduis de ton post que tu n'es pas musicien zudko (mais peut-être en écoutes-tu beaucoup, ca fonctionne aussi dans une moindre mesure). Je vais tenter de ne pas tourner mon post en HS mais plutôt de faire le lien avec le premier paragraphe pour aider Jyka car, au final, selon moi, les deux paragraphes parlent de la même chose, à savoir le bon état d'esprit dans l'appréhension d'une partie (et donc de la progression globale du joueur).
La musique n'a pas de lien tangible avec le jeu de go ! Commençons par là. La finalité est différente, la manière d'apprendre aussi (bien que l'on retrouve des parallèles possibles dans le mélange de rigidité théorique et/ou d'intuition créative mais bon, ça marche pour beaucoup d'autres domaines aussi donc le parallèle est trop général), les étapes de stagnation ne se ressentent pas de la même manière (enfin, selon les expériences que j'ai eu à connaître).
En revanche, par delà la rigidité théorique de ces deux arts, il est un élément commun aux deux : le ressenti du moment présent.
Jouer d'un instrument en public (et même écouter un morceau) contraint, entre autres :
1° à se concentrer sur un seul objectif (l'échange musical) comme le go oblige à une focalisation sur le déroulement de la partie ;
2° à une réactivité et une adaptabilité intellectuelle constante (car le moment présent du concert ne se déroule jamais comme on l'a envisagé au préalable) comme le joueur de go doit s'adapter aux réponses de l'adversaire ;
3° à ressentir les mouvements potentiels offert par le moment présent (suivre un cap évolutif mais cohérent), pas besoin de développer pour le go,...
Bref, la pureté de coeur dont il est question chez Takemiya Masaki me semble être cet état instinctif, presque non-réflexif, de vide absolu de l'esprit et d'ouverture à ce qui va se dérouler ici et maintenant. Fan Hui en parle également dans "l'Ame du go" dans le passage où il appelle le lecteur à "vivre le moment présent". Au début, à ma première lecture, je n'ai pas compris ce que cela faisait dans un livre de Go : "hé ho mon pote, tu nous fais du carpe diem comme ça, sans prévenir, pour donner à ton livre un aspect new age ?". Puis à mesure que les parties se sont accumulées, j'ai commencé à comprendre de mieux en mieux : quand j'ai l'esprit préoccupé, je joue mal et je perds, alors que quand je suis détendu et que j'ai l'esprit libre, je joue plus efficacement... et je perds
(oui, faut pas rêver, la détente n'offre pas la technique non plus ah ah). Comme l'écrit Fan, "c'est ça la force du présent" !
Ainsi, le premier paragraphe sur la peur de perdre et l'état d'esprit combatif va de pair avec le passage sur le ressenti que peut provoquer l'état musical. Le tout, c'est d'avoir "la force du présent" avec soi... (c'est aussi pourquoi je parlais à Jyka de prendre du recul dans mon post)
J'espère ne pas avoir trop dévoyé ce à quoi tu pensais Pierre, mais c'est comme cela que je l'ai ressenti
PS : "nous ne voyons pas d'autres explications"
EDIT : ah ben non en fait, ce n'était pas ça ^^