Il me revient subitment que des amis et moi nous sommes récemment posé la question de savoir à quelle hauteur maximale un individu "normal" pourrait lancer une tomate "normale". (aucun sujet n'est tabou autour d'une bière).
La réponse (que je ne peux dévoiler pour la raison qui apparaitra plus bas) n'est pas moins intéressante que le raisonnement pour y parvenir, et qui met en jeu:
- la gravité terrestre
- le frottement de l'air
- le poids et la taille de la tomate
- la présence ou non d'une queue sur la tomate
- la fermeté de la tomate
- les conditions atmosphériques (pression, humidité, vent, nuages)
- les coordonnées du point de lancement (latitude, longitude et altitude) et la position de la Terre au moment du lancer
- le degré de relachement de l'individu (degré assez inégal même chez les individus "normaux")
- la capacité de l'individu à éviter tout effort inutile qui n'irait pas dans le sens de l'objectif (ex: contraction musculaire parasite, énergie dépensée en cogitations futiles,...)
Mais la question devenait alors d'estimer les valeurs "normales" (ou moyennes) de tous ces paramètres, ce que nous avons fait sur le champ en nous basant sur un échantillon représentatif de 5 personnes présentes, 5 tomates (achetées dans l'épicerie voisine), et un lieu (le bar ou nous étions, dans un village des Pyrénées). Mais il serait possible de remplacer ces valeurs par n'importe quelles autres.
Dés lors il était possible d'établir un algorithme (assez compliqué) décomposé en 5 phases:
- préparation du lancement
- lancement de la tomate
- ascension de la tomate
- atteinte du point de hauteur maximale
- chute de la tomate (phase inclue uniquement pour des raisons de sécurité)
Aprés programmation sur ordinateur de cet algorithme (il se trouve que l'un d'entre nous était justement programmeur), nous avons mis en route le programme, et - inch'allah - assistâmes au lancement "virtuel" de la tomate (représentée sous forme d'un joli pixel rouge).
Les phases 1 et 2 se déroulèrent sans problème, puis l'ascension fut fulgurante et spectaculaire (le programmeur ayant jugé bon d'ajouter une petite trainée de pixels blancs), la tomate arrivait au bord supérieur de l'écran sans avoir nullement ralenti! Et hop elle disparut de l'écran. Heureusement, sa hauteur et sa vitesse s'affichaient toujours et nous pûmes suivre sa progression. Notre tomate ralentissait à cause de la gravité, mais ne s'arrétait pas!
Puis la tomate atteignit une hauteur bien au-delà de l'atmosphère terrestre, ce que nous n'avions pas prévu dans nos calculs.
Impressionnés par une telle puissance théorique de l'individu "normal", et sans attendre les phases 4 et 5, nous éteignîmes l'ordinateur, et chacun doté d'une tomate, énergisés par l'ivresse de l'enthousiasme (ou de la bière?), décidâmes d'aller effectuer quelques lancers à partir d'un champ voisin. Le lendemain, nous fûmes convoqués par les autorités: un satellite géostationnaire aurait été percuté par une attaque, nous fûmes condamnés à des dommages et intérets avec interdiction d'approcher une tomate à moins de 42m.
Donc pour en revenir à la question posée dans ce post, elle est extrémèment délicate car si l'on se penchait vraiment à fond dessus, la réponse pourrait choquer voire même humilier quelque honorable instition de joueurs de go professionnels.
A mon sens il est plus diplomatique de se demander ce qui fait monter (sans évoquer la hauteur maximale) et dans le cas du go, j'ai proposé
ici la formule
P = EST (Progrés = Energie x Source x Temps)
Si on pense qu'il y a une hauteur maximale, ça risque de devenir vrai, et devenir un obstacle psychologique.